Give love a try... (Preston)

"You... You like driving on the Sunday...
You... You like taking off on Monday...
You... You're like a dream...
A dream come true..."

"I... I'm just a face you never notice...
Now, I'm just trying to be honest with myself,
With you, with the world..."

La jolie mélodie résonnait encore, et encore, dans le bungalow. Nolan, assis sur l'un des canapés du salon, jouait inlassablement sa chanson à la guitare. Son dernier tube lui rappelait New York et ses frères. Non pas qu'ils lui manquaient déjà, non, mais il était nostalgique du passé, nostalgique de l'époque où ils n'étaient pas encore devenus des pop-stars. Mais ce temps a-t-il jamais existé ? Nolan ne semblait même plus s'en souvenir. Toute sa vie n'était que strass et paillettes, avec ses frères, Nick et Lucas Cooper. Mais qu'avaient-ils réellement accompli ? A part avoir vendu des albums et pris des photos, qu'avaient-ils fait de leurs vies ? Certes, elles ne venaient à peine que de commencer, mais si ça continuait ainsi, Nolan sentait bien qu'il serait vite dépassé. Il voulait plus que la popularité, plus que tout ce que ses ancêtres avaient déjà eu avant lui.

"You might think, that I'm a fool,
For falling over you...
So tell me what can I do to prove to you,
That it's not so hard to do..."

"Give love a try, one more time...
Cause you know that I'm on your side...
Give love a try, one more time..."

Nolan avait écrit cette chanson pour une fille. Oui, ça fait terriblement cliché, mais il avait rencontré une jeune femme, une fille envoûtante, belle et drôle, à qui il n'avait jamais vraiment parlé mais dont il était admiratif, épris, certainement. Alors il avait composé une mélodie tout aussi envoûtante que sa muse, et l'avait complétée par ces paroles qui ne concernaient pas forcément Heaven, mais qui exprimaient en tout cas le désarroi de Nolan.

"How did it play out like a movie...
Now, every time you speak it moves me...
And I can't get your smile, off my mind..."

"And your eyes, when I saw 'hem for the first time...
Knew that I was gonna love you for a long time...
With a love... So real, so right..."

Elle ne lui manquait même pas particulièrement. Cette fille était un peu comme un rêve éveillé, il pensait que jamais il ne pourrait la conquérir. Et puis c'est tellement difficile, quand on est une star, de pouvoir ressentir des sentiments profonds avec gens... "normaux". Tous vos moindres faits et gestes sont épiés, vous êtes sans cesse observé ! Et ce n'est pas avec cette télé-réalité où des dizaines de caméras sont braquées sur vous, que ça va s'arranger. Nolan le savait et il s'était fait une raison. Maintenant, pour lui c'était comme si il y avait deux mondes : d'un côté cette fille, l'imaginaire, le rêve, et de l'autre, la réalité. Il n'en était même pas particulièrement triste, en chantant cette chanson. Elle était plutôt gaie, dans son esprit. Mais quand on l'entendait, on avait plutôt les larmes aux yeux.

"Well you might think, that I'm a fool,
For falling over you...
So tell me what can I do to prove to you,
That it's not so hard to do..."

"Give love a try, one more time...
Cause you know that I'm on your side...
Give love a try, one more time..."

Quand elle fut terminée, il s'arrêta. Il adorait cette chanson, et il regrettait qu'une composition aussi personnelle ait été exploitée d'une façon aussi commerciale et impure. La reprendre dans la série C.O.O.P.E.R et la donner à n'importe qui, ça l'avait blessé mais il n'avait rien dit. Car Nolan était un gentleman, et il n'aimait pas particulièrement dévoiler ses sentiments.

Après avoir fini ma chanson, j'avais fermé les yeux et m'étaient laissé bercer par le spectre de l'accord qui résonnait encore dans la pièce. Mais soudain, quelqu'un entra dans la pièce. Je sursautai et rouvris les paupières brusquement. La réalité venait de faire violemment intrusion dans mon esprit !

C'était un mec, évidemment, puisque nous étions dans le bungalow des hommes. Il se présenta rapidement, alla ranger ses affaires et revint s'installer dans le canapé.

"Salut moi c'est Preston, je vois qu'on a voulu se débarrasser de toi, d'ailleurs je ne savais même pas que j'allais vivre avec une star de la musique."

Oui, ça peut être étonnant de vivre avec une star, même si ce n'est que pour une émission. Personnellement, je ne savais pas exactement ce que c'était, mais je ressentais quelques fois quelque chose d'étrange quand je voyais mes frères. J'avais parfois l'impression qu'ils étaient des étrangers, je ne les voyais qu'à travers les albums et la télé. Enfin bref. Je me trompais sûrement, mais ça n'avait pas l'air de faire franchement plaisir à ce Preston. Mais quand il émit l'hypothèse qu'on avait pu vouloir se débarrasser de moi, je souris et posai ma guitare sur le côté.

— C'est vrai, ils ont peut-être voulu se débarrasser de moi, qui sait ?... Ils veulent que je fasse ma promo. Encore et toujours. Moi je prends ça pour des vacances un peu de loin de New York, pour une fois !

"Dsl si j'ai pu te paraitre être froid, mais je suis un peu toujours comme sa quand je connais pas les gens et puis même si t'es une star et que tous les magasine parle de toi, je ne suis pas sensé te connaitre en vrai et de plus tous les magasine ne raconte que ce qu'il ont envie d'entendre."

— Tu ne crois pas si bien dire. Les magazines disent n'importe quoi. En réalité, ils ne savent rien alors ils inventent. Mais à force, on s'habitue. Alors Preston, tu viens d'où ?

Je me levai et me dirigeai vers le petit frigo qui se trouvait dans un coin de la pièce. Je l'ouvris et en sortis une bouteille de champagne. Je la montrai à Preston avant de l'ouvrir et de m'en servir un verre.

— Tu en veux ?

"Ouai je vois ce que tu veux dire, je ne suis peut-être pas une star, donc je ne sais pas ce que tu peux vivre, mais même pour moi être ici c'est un peu des vacances et je pense bien en profité, bien sur j'espère ne pas faire de connerie, ce qui n'est pas gagner avec mon caractère foireux --'"

— Des conneries, on en fera forcément ici... C'est presque certain. Même moi. Mais bon. Les trucs que je fais ici n'influeront pas sur ma vie à l'extérieur. Mais autant commencer avec un bon verre de champagne français... Il n'y a rien de meilleur.

C'est vrai qu'on ferait tous des conneries. Parce que dans ce genre d'émissions de télé-réalité, toute l'équipe n'a qu'un objectif : faire de l'audience avec tous les faits les plus croustillants. Ils nous mènent, nous poussent jusqu'au bout, jusqu'à nos limites infranchies. Bref, c'était le moment de se poser des questions à propos de ce qui se passerait à partir de maintenant. Alors je pris une deuxième flûte et versai un autre verre pour Preston. Je remis la bouteille au frais et donnai le verre au jeune homme. Je le levai et portai un toast.

— A cette aventure qui s'annonce plutôt bien, pour l'instant, et si tu veux bien.

Je bus une gorgée du champagne et reposai le verre sur une table-basse qui se situait devant nous. Je posai mon regard sur le sol, fixant le vide, réfléchissant subitement à tout autre chose. Je ne sais même pas à quoi. Mais quand j'étais au calme, tranquille, pour une fois hors de la moindre sphère médiatique, je me laissais aller dans mes pensées.

"[...] Je déteste les magasine, j'en lis très rarement, toi je te connais plus grâce à des amis qui sont fan de toi et ton frère et un peu grâce à la radio et la télé. Moi je viens d'ou ? Bah.. Je viens de San-Francisco et Los-Angeles en même temps ^^"

— Ah oui ? Tu as des amis qui sont fans de moi ? Je ne sais pas trop quoi dire. Quand on a des millions de fans à travers le monde, à force, c'est horrible à dire mais on s'en fout.

Je soupirai. Des gens vous font confiance, vous aiment, dépensent des fortunes pour vous suivre dans tous vos concerts... Vous leur donnez du bonheur et vous ne savez même plus comment réagir. Tout ça prend une ampleur telle qu'on n'y fait même plus attention. Et je commençais à être dépassé par tout ça.

— Désolé.. Tout ça m'exaspère. Tu vois, parfois j'aimerais retourner à l'époque où je n'étais personne, qu'un petit garçon. Sauf que moi, ça n'a jamais été le cas. J'ai TOUJOURS été une star. Alors quand d'autres célébrités disent qu'ils voudraient quelques fois être anonymes, c'est hypocrite. En étant célèbre, on a de l'argent. Et rien que ça, c'est exceptionnel par les temps qui courent. Mais moi, juste moi, Nolan Cooper, je n'ai JAMAIS été un petit garçon normal. Depuis que je suis né, je suis médiatisé. Je n'ai jamais connu l'anonymat et... j'en rêve !

Je m'enfonçai dans le canapé et souris tristement.

— J'espère ne pas te paraître trop prétentieux en disant ça. Mais j'imagine que tu peux comprendre.

Je finis ma coupe de champagne.

— Je dois faire pleurer les midinettes devant la télé. Super, je vais vendre quelques albums de plus. Youhou...

Ensuite, je rebondis sur quelque chose que venait de dire Preston. Il était originaire de San Francisco et Los Angeles. L.A, je déteste. Cette ville est pour moi synonyme de Hollywood, de strass, de paillettes... Mais San Francisco, SF c'est autre chose... C'est la ville des artistes, comme New York, c'est le Golden Bridge et son incroyable histoire derrière, c'est les collines, les Funky Cops ! Enfin bref. C'est l'une de mes villes préférées où je passais tout mon temps.

— Je connais très bien San Francisco... J'y passe tout mon temps quand rien ne me retient à New York. Tu y vis toujours ?

"Ouai, enfin j'essaye de comprendre ce que tu peux ressentir et crois-moi même si tu n'es encore qu'un inconnue pour moi, si je pouvais, j'aurais changer de place avec toi quelque jours juste pour t'aider, sauf que c'est pas possible. Sinon je l'aurais fait avec plaisir."

— Oh, c'est sympa. Mais t'inquiète c'est bon ! Trois jours dans ma peau, tu serais devenu fou !

C'est vrai qu'il y avait de quoi devenir taré. Et il avait raison quand il parlait du stress des interviews, des concerts etc. Mais en même temps, c'était génial, comme vie. On en a tous rêvée. Et je ne pouvais pas me plaindre totalement, car je menais une existence certes fatiguante, mais magique en même temps. Et moi peut-être plus que mes frères. Parce que mes frères se prenaient bien plus la tête que moi dans toute cette histoire. Pour eux, la musique et le cinéma c'était le business pour le business. Mais j'avais conscience que nous n'avions pas besoin de ça, et moi je profiter pleinement de la vie d'Artiste.

Preston se resservit un verre, et je le suivis. Franchement, je n'avais pas envie de m'embêter pour une fois. J'étais sur une île paradisiaque, pour l'instant seul avec Preston dans cette immense villa, c'était le rêve. Une bonne bouteille de champagne nous avait attendus, alors je n'avais pas l'intention de me gêner. Et peut-être même que je ne m'arrêterais pas au deuxième. J'avais bien l'intention de faire la fête !

"[...] mais mes parents me force à venir depuis que j'ai enchainer les connerie, donc je suis obliger de subir les réunion de famille et les week-end en famille, c'est en quelque sorte ma punition, jusqu'à ce que je décide de quitter la barque. Enfin bref j'arrête de te raconté ma vie ennuyeuse.[...]"

Incroyable cette tendance que les gens ont à croire que leur vie est ennuyeuse parce qu'elle n'est pas aussi extraordinaire que la votre. MA vie était ennuyeuse à mort, et la plupart des gens à qui je la racontais perdaient vite patience. Ce Preston était sympa, parce qu'avec lui je pouvais bien parler sans devenir parano à me demander si ce que je disais allait se retrouver dans la presse ou non. En même temps, là on était à la télé. Ce n'était pas un très bon plan.

— Ta vie est loin d'être ennuyeuse, c'est plutôt l'inverse... Mais si ce n'est pas trop indiscret, t'as fait quoi comme conneries pour qu'on t'oblige à retrouver un peu le cocon familial ?

"[...] Et toi tu vis depuis toujours à New York ?"

— Oh oui, je suis un pur new-yorkais. Né dans la Grosse Pomme, et jamais je n'en suis sorti. J'ai mes habitudes à San Francisco justement, mais ma ville reste NYC. Ca fait des générations que ma famille y vit ! Et personnellement, j'ai bien l'intension d'y mourir avec l'amour de ma vie.

Preston se resservit encore un autre verre, et je voulus en faire de même mais la bouteille était déjà vide. Elle était petite ou alors... On avait bu plus qu'on n'en avait eu l'impression ! Mais je me sentais bien encore, je tenais bien l'alcool, il n'y avait aucun problème, je pouvais encaisser.

"Huumm... Je suis tomber dans un troue noir, je sécher les cours, me droguer, buvait au point de ne plus tenir droit. Mes parents me déteste, c'est pour cela qu'ils ont adopter un autre fils du même age que moi. Pour essayer de trouver le p'tit garçon qu'ils n'ont jamais eux."

Je l'écoutais parler tandis que je me levai vers le frigo pour aller chercher quelque chose d'autre à boire.

— Ouais je vois... Ce genre de spirale d'où certains ne ressortent jamais... J'ai un ami qui est tombé dans la drogue et je dois bien avouer qu'il ne s'est jamais vraiment relevé. Fais gaffe quand même, juste pour ta santé. Enfin aujourd'hui, c'est la fête alors...

Je sortis une bouteille de whiskey et une autre de vodka. Oui, c'était du lourd. Mais c'était ça ou du Dr. Pepper... Et quand on veut oublier un peu ses soucis, d'habitude on prend de l'alcool, et pas du soda... Méditez là-dessus !

— Vodka, whiskey, ou les deux ?

J'imagine que toutes ces bouteilles avaient été placées là pour que TOUT LE MONDE puisse en profiter, mais nous n'étions que deux et les autres étaient en retard. Et comme on le sait, les absents ont toujours tort. Alors merde, on pouvait se faire plaisir. Les mecs de la télé n'auraient qu'à censurer si ce qu'on fait leur déplaît. Mais vu toutes les cochoneries absurdes qui passent sur les écrans étatsuniens, on pouvait tout se permettre.

Je pris les deux bouteilles et les verres qui vont avec, car on ne boit pas du wkisky ou de la vodka dans des flûtes à champagne, pardi... Et je retournai m'installer dans le canapé, écoutant toujours aussi attentivement Preston. Dans cette émission, on avait tous un secret et il valait mieux ne pas trop parler pour que les gens évitent de vous sauter dessus afin de vous arracher les mots de la bouche. Mais Preston pouvait me faire confiance, et j'espérais que ça soit réciproque.

"Oh je vois c'est quand même une ville chouette New-York, même si j'ai jamais mit un pied là-bas."

— Oh oh ! Ca c'est impossible. T'y es forcément déjà allé mais tu ne t'en souviens plus, c'est tout... Je ne te crois pas ! Tout le monde est déjà allé à New York au moins une fois !! Et si ce n'est pas le cas pour toi... Il faut à tout prix que je t'y emmène. Je te montrerai tout ce qu'il y a à voir. New York c'est la ville des artistes, c'est le monde contemporain, les boutiques, le plaisir... Flâner à New York c'est comme le Nirvana ! Faut que tu voies ça. Dès qu'on sort de ce jeu, tu prends tes affaires, tu quittes tes parents et tu viens avec moi. Je vais te montrer ce que c'est que la liberté. Crois-moi, il n'y a rien de plus agréable !

Et j'avais bien l'intention de m'y tenir. Ce Preston vivait étouffé par des parents incompréhensifs et à côté de la plaque, il fallait donc le sortir un peu de sa bulle. De toute manière, vu son tempérament, il ne m'attendrait pas pour partir. Mais quitte à abandonner le nid familial et ses emmerdes, autant faire un petit détour par New York City !